Clichy,
le 24 septembre 2005
Monsieur CHIRAC,
Je ne m’adresse plus au Président, mais à l’Homme, car il y a exactement 3 mois, je vous ai rédigé et envoyé une lettre à laquelle votre Chef adjoint de Cabinet a été chargé de répondre, plus d’un mois après, suite à un renvoi par mes soins de cette même lettre par mail, face au silence assourdissant de votre non réponse.
La réponse que j’ai reçue est d’autant plus affligeante et humiliante, qu’elle est la copie conforme de celle envoyée à de nombreux autres citoyens Français vous demandant d’AGIR et d’intervenir personnellement pour que cesse le massacre des enfants, femmes et hommes Lao-Hmong encerclés, affamés et en cours d’extermination dans les provinces de Xaysomboun et Bolikhamxay au Nord LAOS.
Affligeante, car je n’imaginais pas un fonctionnaire de haut niveau capable de se rendre coupable d’une telle rédaction hors sujet de A à Z…
Etes-vous aussi mal entouré (je n’ose croire informé! ) pour oser répondre à la demande : « usons de notre DEVOIR D’INGERENCE HUMANITAIRE » par « Ainsi la France encourage les autorités laotiennes à poursuivre une politique active de lutte contre cette pauvreté, excluant toute discrimination ethnique ou territoriale » ?
Auriez-vous la complice hypocrisie de rédiger vous-même de telles inepties face à des assassins qui martyrisent et exterminent leur propre population sans scrupules depuis plus de trente ans ?
Laissez-moi nourrir l’espoir que NON !
Humiliante, car je n’imaginais pas qu’en m’adressant personnellement à vous sur un sujet d’une telle urgence, vous délégueriez un haut fonctionnaire pour nous envoyer à tous, exactement la même lettre, que l’on vous ait alerté directement, que l’on ait alerté votre ministre des affaires étrangères ou l’ambassadeur de France au Laos.
Croyez-vous rendre service à la Nation en prenant les citoyens horrifiés et indignés que nous sommes, pour des moutons naïfs et si mal informés que nous nous contenterions d’une telle réponse standard, dramatiquement inappropriée et totalement langue de bois ?
C’est, en effet, par RESPECT pour vous, Monsieur CHIRAC, que j’appelle un « chat » : un « chat », car je sais que, vous non plus ne supportez pas la langue de bois !
Que croyez vous que la République Populaire Démocratique du Laos fasse de l’aide humanitaire et au développement de la France, sinon la détourner sans vergogne pour les intérêts personnels des membres dirigeants du parti et des ministres d’un gouvernement qui bafoue les Droits de l’Homme les plus élémentaires ?
Demandez-donc à Médecins Sans Frontières si le niveau de vie augmente au Laos depuis dix ans, et si les structures de santé s’améliorent depuis quinze ans…
Je suis effondré d’avoir à vous informer que, pour tout remerciement à la France et à la francophonie, ces mêmes cadres dirigeants qui bénéficient des largesses de la France et de l’Europe, sont les mêmes qui envoient leurs enfants apprendre…l’anglais dans les écoles et universités américaines et australiennes !
Etonnez-vous qu’une telle « aide au développement » ait l’aval des Nations Unies, financées à 75% par les américains !
Monsieur CHIRAC, ne voyez-vous donc pas que les vrais francophones sont ceux qui aiment la France au point d’avoir versé leur sang pour elle et de s’y réfugier pour survivre, et non pas ceux qui, au pouvoir actuellement, la trahissent sur l’autel d’un illusoire développement ?
C’est précisément ceux-là qui aiment leur pays, le Laos, qui souhaitent y vivre en paix et libres, qui se sont regroupés dans les zones de Xaysomboun et Bolikhamxay avec leurs familles, non pas pour préparer le renversement du régime communiste et conquérir le pays, mais tout simplement pour se défendre (un simple coup d’œil à la carte du Laos et à la topographie des lieux suffit pour s’en convaincre).
Non, les Hmong ne sont pas les ennemis des Laotiens, ni les Laotiens les ennemis des Hmong ! Les Hmong de Xaysomboun et Bolikhamxay, contrairement à ce que déclarent imprudemment les ambassadeurs de la RDPL, veulent vivrent en Laotiens libres, fidèles amis de la France.
Ces mêmes ambassadeurs et officiels de la RPDL, au train de vie outrageux, totalement disproportionné comparé à celui de leurs compatriotes au Laos, un des pays les plus pauvres de la planète, seraient d’ailleurs bien avisés d’être diplomatiquement invités par la France, donc par vous, Monsieur CHIRAC, à reconnaître l’existence des Hmong à Xaysomboun et Bolikhamxay, puisqu’ils persistent depuis trente ans à vouloir les exterminer.
Bien leur en prendrait avant de se voir, un jour, de plus en plus proche, contraints de répondre devant des juges des CRIMES CONTRE L’HUMANITE dont ils sont complices et ordonnateurs au moment-même où je vous ré-écris.
Et quand ce jour arrivera, car il arrivera, ces sinistres assassins se retourneront contre la France, en ouvrant leurs compromettantes archives…à commencer par le dossier du barrage hydroélectique NAM THEUN 2 d’ E. D. F. !
Puisque l’ « attention particulière que la France accorde aux Hmong depuis des années » consiste à les laisser mourir de faim, à les laisser mourir sous les balles, obus, bombes et gaz neurotoxiques des armées laotiennes et vietnamiennes, je vous dis respectueusement que cette « attention » , Monsieur CHIRAC, pas seulement les Hmong, tous les peuples opprimés de la terre s’en passeraient bien !
Par égard pour Monsieur Gérard MARCHAND, j’espère que, face aux nombreuses copie qu’il a dû envoyer, il n’a pas vraiment lu la lettre standard qu’ « on » lui a chargé de nous envoyer, sinon comment pourrait-il signer cette lettre, après avoir écrit, en guise de conclusion : « Soyez assurés que le Chef de l’Etat continue de suivre avec la plus grande vigilance la situation des Droits de l’Homme dans ce pays. » ???
Monsieur CHIRAC, je vous en prie, comment pouvez-vous laisser écrire pareille énormité ?
Nous vous demandons, que dis-je, nous vous SUPPLIONS, vu l’urgence, d’intervenir sur le terrain pour porter assistance à des enfants, femmes et hommes affamés, sans toit, sans soins médicaux, pourchassés et traqués comme des bêtes, en train de se faire massacrer et « on » répond à votre place que vous « continuez de suivre la situation avec la plus grande vigilance » ???
Qu’attendez-vous pour prendre publiquement position, et décréter l’ETAT D’URGENCE HUMANITAIRE à Xaysomboun et Bolikhamxay ?
Je ne crois pas que ce soit le courage qui vous manque !
Donc AGISSEZ, INNOVEZ, SOYEZ PRECURSEUR, faites que nous soyons fiers d’être Français aux yeux du monde entier : engagez-vous PERSONNELLEMENT pour cette cause JUSTE, HUMANITAIRE et FEDERATRICE !
Car c’est cette voix de la France que les Hmong en cours d’extermination veulent entendre.
Car c’est cette voie de la France que j’aimerais montrer et faire prendre un jour à mes deux filles de quatre et cinq ans.
Je leur expliquerai dans une dizaine d’années que le drapeau français qu’elles ont brandi, aujourd’hui, samedi 24 septembre 2005, sur le parvis des Droits de l’Homme, a été, un jour de 2005, comme un phare brillant ENFIN dans la nuit, répondant au dernier S.O.S. des Hmong par trois mots brefs : LIBERTE, EGALITE, FRATERNITE , et un mot long : HONNEUR-FIDELITE.
C’est d’ailleurs sous cette devise que votre Nom est inscrit dans la pierre de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint CYR COETQUIDAN, ce sont des valeurs qui ne s’oublient pas et que chaque jeune officier français a appris à défendre en choisissant de servir la France !
Le temps presse, Monsieur CHIRAC, c’est pourquoi je vous demande solennellement aujourd’hui de SERVIR LA FRANCE en SAUVANT LES HMONG !
Recevez, Monsieur CHIRAC, l’expression de mon profond respect.